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Sensuelle : les positions amoureuses
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  13 idées reçues sur le sexe



          Médecin et sexologue pendant plus de 20           ans, le docteur Yves Ferroul n'a pu que cons--          tater qu'en matière de sexualité les idées           reçues étaient nombreuses et néfastes :           culpabilité, impression d'être anormal,           pression trop forte... L'auteur de Consulter           un sexologue revient sur 13 phrases           entendues trop souvent, afin d'y démêler le           vrai du faux.

            propos recueillis par Mélanie Courtois

  

1. Plus la pénétration est longue, plus c'est satisfaisant

Selon les récits de mes patients, j'ai pu constater que la durée des pénétrations qui donnent entièrement satisfaction aux femmes et aux hommes varie de quelques secondes à deux heures. Il n'y a donc pas de durée « normale », cela dépend des habitudes, des goûts et des capacités de chaque individu. Contrairement à une idée reçue très répandue, les femmes ne sont pas toutes intéressées par des pénétrations qui durent plusieurs minutes. J'ai entendu des dizaines de femmes me dire leur désarroi devant des hommes « qui mettent plus d'une minute à éjaculer ». Beaucoup aussi refusent que leur compagnon apprenne à maîtriser son éjaculation. On m'a dit : « Déjà quand il est moins en forme, il peut mettre deux à trois minutes avant d'éjaculer. Si c'est dix à chaque fois, ma vie va devenir un enfer. » Bien sûr, parmi ces femmes, certaines n'aiment pas les rapports sexuels. Mais d'autres arrivent à jouir très vite lors de la pénétration, car elles s'excitent pendant les préliminaires par le clitoris (jeux de mains, de bouche, frottements) et passent à la pénétration lorsqu'elles se sentent prêtes. Alors, leur excitation continue de croître et elles parviennent à l'orgasme très rapidement (entre trente secondes et quelques minutes). En revanche, si elles se sont montrées trop pressées, la pénétration n'arrive parfois pas à prendre le relais des caresses clitoridiennes, leur excitation diminue et certaines décrochent alors, elles pensent à autre chose et « attendent que ça se passe ». Elles peuvent recommencer les caresses et tout reprendre ou abandonner pour cette fois-ci. On peut donc distinguer deux façons féminines de vivre le plaisir sexuel :

- la pénétration n'est là que pour provoquer l'orgasme et vient juste à la fin pour conclure l'excitation enclenchée d'une autre manière. Une durée courte leur suffit (de quelques secondes à deux ou trois minutes)

- la pénétration est la source essentielle d'excitation et elle doit durer le plus possible, de dix minutes à une demi-heure, voire plus.


2. La sexualité, c'est comme l'amour, c'est naturel, ça ne s'apprend pas, ça doit venir tout seul

L'erreur vient des confusions de sens entre les mots « nature » et « naturel ». Quand on dit que la sexualité est « naturelle », on entend qu'on la trouve partout dans la nature, pas qu'elle est spontanée. Les mammifères ne s'accouplent que lorsque leur taux d'hormones s'élève brutalement (pendant les périodes de rut et de chaleurs). Seuls certains singes (et les dauphins ? http://wonderlouloute.perso.neuf.fr/les_dauphins/reproduction/sexualite.html) et les humains peuvent rechercher une satisfaction sexuelle à n'importe quel moment. La sexualité à tout moment est bien « naturelle » chez eux : elle est conforme à leur nature particulière.

Mais dans un autre sens, « naturel » signifierait que les actes qui permettent l'accouplement et le plaisir viennent spontanément aux individus, que chacun sait quoi faire et comment le faire. Il y a alors une confusion sémantique. On peut d'ailleurs faire une analogie avec l'alimentation : tous les humains ont « naturellement » envie de manger mais, à part le fait de téter à la naissance, ils doivent apprendre à se servir de couverts ou de baguettes, à préparer les aliments, à savoir lesquels manger... en fonction de la culture de la société dans laquelle ils vivent.

En matière de sexualité, seuls les animaux les moins évolués s'accouplent instinctivement (reptiles, poissons, oiseaux, insectes, mammifères inférieurs). A partir du rat, un apprentissage est nécessaire : un petit rat élevé isolé d'adultes aura, une fois grand, envie de s'accoupler, mais ne saura pas s'y prendre. Chez les primates, ce besoin d'apprentissage est encore plus manifeste : les petits des singes regardent les adultes s'accoupler et cherchent assez vite à les imiter. Chez les humains, dans la quasi-totalité des sociétés, les adultes s'accouplent en cachette de leurs petits qui ne pourront pas savoir naturellement ce qu'il faut faire. Les comportements de la sexualité doivent donc être acquis d'une autre façon.

Il y a aussi une grande différence entre avoir un rapport pour répondre à l'instinct et avoir une sexualité de jeu pour le seul plaisir. Or jouer s'apprend. Un enfant qui n'a pas appris à jouer donne un adulte qui ne pratique aucun jeu de société, ni aucun jeu individuel. Jouer avec son corps, ses sensations, ses émotions, savoir se couper des préoccupations quotidiennes, s'évader dans son imaginaire demande un long apprentissage pour pouvoir être efficace et gratifiant. Et malheureusement beaucoup de personnes pensent que jouer est futile, que c'est une perte de temps.

Pour un humain, se décharger d'une pulsion sexuelle peut se faire assez spontanément, sans trop d'apprentissage, « naturellement » si l'on veut. Mais vivre une sexualité vraiment humaine, riche et épanouissante suppose un long entraînement.


8. Les hommes sont plus demandeurs que les femmes

À toutes les époques, dans toutes les sociétés qui ont précédé la nôtre, on a constaté que les hommes s'épuisaient après l'éjaculation et avaient besoin d'un temps minimal de récupération alors que les femmes pouvaient avoir des orgasmes en série. Elles ont donc été considérées comme particulièrement intéressées par l'activité sexuelle, source de plaisir. Elles étaient bien souvent vues comme épuisantes pour les hommes, représentant un danger grave pour leur vertu et leur santé (elles les vident de leur substance vitale). Ce n'est qu'au xixe siècle, en Europe, qu'une petite partie des responsables bourgeois, moralistes ou médecins ont tenté d'inverser les rôles et de diffuser l'image d'une femme idéale peu concernée par la sexualité. À la découverte de l'ovulation, certains ont conclu que si le plaisir féminin n'était pas nécessaire à la reproduction, il n'était pas indispensable à la femme. L'épouse idéale devait donc se plier aux exigences de l'espèce sans vouloir en retirer la moindre gratification personnelle. Ce courant s'est renforcé après la Première guerre mondiale avec la focalisation sur la maternité (afin de compenser les pertes humaines) et avec l'interdiction de la publicité pour la contraception. Les femmes ont peu à peu perdu leurs repères (avec les traditions de maîtrise de la sexualité transmises de génération en génération) et sont devenues plus réticentes vis-à-vis de la pénétration qui comportait donc des risques. Mais il n'existe aucune preuve d'une baisse du désir des femmes et de l'activité sexuelle orientée vers le plaisir. Ce n'est que le sexe avec risque de grossesse qui était rejeté. Dès que la société a permis aux femmes de retrouver une sexualité sans risque de grossesse non désirée, elles ont retrouvé leurs comportements ancestraux de demande sexuelle forte. Aujourd'hui, autant de femmes que d'hommes consultent car elles trouvent que leur partenaire ne veut pas assez faire l'amour.


9. L'idéal, c'est de jouir en même temps

Beaucoup de couples se focalisent sur cet objectif, mais la plupart ne parvient finalement qu'à perturber sa jouissance. En effet, plus on est concentré sur un but pendant l'acte, moins le corps réagira au moment de l'orgasme et moins le plaisir sera fort. Ne plus penser à rien, être complètement pris par son excitation offre au contraire toutes les chances pour que le plaisir soit très intense. Jouir en même temps est un bel objectif mais se surveiller, se contrôler tout en évaluant où en est l'autre ne peut aboutir qu'à un résultat décevant. Mieux vaut se donner comme objectif de jouir totalement, chacun son tour. Par la suite, si les deux partenaires le veulent fermement, ils pourront tenter de rapprocher petit à petit les moments d'orgasmes. Mais jouir en même temps n'est pas le signe d'une sexualité de meilleure qualité et ne permet pas de vivre des orgasmes plus forts.




(Voir aussi dans l'article de la revue, 3è idée reçue : Tout est dans la tête. 4è : On ne peut pas échapper à la routine. 5è : Un vrai rapport comporte nécessairement une pénétration. 6è : La sodomie, ce n'est pas naturel. 7è : On n'est pas des bêtes, on n'a pas besoin de sexe tous les jours.

10è : Il faut d'abord penser au plaisir de l'autre. 11è : Si une personne se masturbe, c'est qu'elle n'est pas épanouie dans sa sexualité de couple. 12è : Une personne qui a eu beausoup de partenaires sexuels sait mieux faire l'amour. 13è : S'il fantasme sur une autre, c'est comme s'il me trompait.)




  

Autres numéros de SENSUELLE citant Yves Ferroul


n° 15, 4 bonnes raisons de fantasmer

n° 17, Les secrets de l'orgasme, interview d'Elisa Brune

n° 21, 69 conseils pour booster votre sexualité

n° 22, Le plaisir n'est pas inné - 5 conseils pour parvenir à jouir

n° 25, Le sexe oral

n° 26, Tout sur la sexualité masculine

n° 29, Osez varier les plaisirs

n° 30, Histoire des unions officielles de personnes de même sexe

n° 31, La première fois - Consulter un sexologue

n° 32, Les positions amoureuses


www.sensuellemagazine.fr            email : magsensuelle@gmail.com

Juin-Juillet 2011


pages 18-31


69 conseils pour booster votre sexualité...


Dévorez-vous

                   « Affrontez les limites du goût et du dégoût… Beaucoup d’hommes et de femmes sont gênés par les baisers sur les organes génitaux de l’autre à cause du lien avec les voies urinaires, les odeurs éventuelles, etc. Mais l’imagination humaine, qui n’a pas de limites, permet de contourner cela : badigeonner de miel, de Nutella ou de confiture le sexe de l’autre permet de rire, de jouer et de renouveler les sources d’excitation… »


Délocalisez le matelas

                   « Pour qu’un jeu reste agréable, il faut y introduire de la variété, de la nouveauté… Depuis l’époque babylonienne, on conseille aux couples dont le désir faiblit de varier les lieux et les circonstances des jeux sexuels : au lieu de l’habituelle chambre à coucher, les tablettes babyloniennes proposaient déjà de faire l’amour sur le toit terrasse de la maison, sur le seuil de la porte, en plein milieu d’un champ ou d’un verger, dans un lieu désert, dans un chemin sans issue… »


Cherchez de nouvelles idées

                   « Lire des ouvrages de sexualité permet d’avoir le maximum d’idées et de stimuler son imagination. Si chaque couple avait autant de livres de recettes en sexualité que de livres de recettes de cuisine… »




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N° 25, février-mars 2012, p. 56-63


LE SEXE ORAL



Pratiquer la fellation et le cunnilingus, est-ce un critère de qualité de la vie sexuelle ?

           Oui, a priori, ces pratiques signalent une complicité, un engagement, un jeu de qualité, une plus grande intimité : la pénétration vaginale est un acte très intime, mais elle peut être pratiquée discrètement, sous les draps... Tandis que pour les baisers génitaux, on est bien obligé de se laisser regarder. Mais cela ne veut pas dire qu'elles sont supérieures à d'autres pratiques. La qualité de la vie sexuelle d'un couple ne s'estime pas d'abord par le type de jeu utilisé.


Le sexe oral est-il de plus en plus pratiqué ?

          Il a toujours, depuis la nuit des temps, occupé une grande place dans les jeux sexuels humains. Même chez les épouses catholiques pratiquantes d'avant-guerre (1920-1940), on trouve des femmes qui reconnaissent jouir le mieux de cette façon. Les enquêtes récentes montrent une progression du recours à cette pratique, mais les chiffres doivent dépendre aussi d'une plus grande sincérité des confidences, facilitée par la plus grande permissivité de notre époque.


Ces pratiques sont souvent classées sous le terme " préliminaires ". Ne sont-elles pas pourtant des pratiques sexuelles à part entière ?

          Pour moi, c'est le terme « préliminaire » qui doit être proscrit : il sous-entendrait que les jeux sexuels ne sont pas faites pour eux-mêmes, mais pour préparer la pénétration, point d'aboutissement, sommet de la relation, but idéal à atteindre. Dans la sexualité humaine, sexualité de plaisir depuis des millions d'années, chacun, chaque couple, doit vivre ce qui lui procure, à lui, émotion, sensation, plaisir, en se libérant de toute règle imposée de l'extérieur. Il existe pas de schéma définissant les étapes à parcourir nécessairement qui puisse s'imposer à tous les couples.


Certaines femmes ont l'impression d'être « soumises » lorsqu'elles font une fellation : qu'en pensez-vous ?

          Mais d'autres disent qu'elle se sent alors toute-puissante, réglant à leur fantaisie et l'excitation de leurs partenaires, maîtresse du jeu et de la volupté... Par ailleurs, le fantasme de soumission est un excitant particulièrement vive du plaisir dans la relation sexuelle, et on peut apprendre à en jouer, raffiné sur ce jeu ! Par ailleurs aussi, la femme peut se sentir à son tour maîtresse, dominant un homme qui, dans le cul unilingue qu'il se, est totalement soumis, totalement utilisé pour son propre plaisir. Il y a là une vraie réciprocité.


Et beaucoup d'autres remarques et conseils dans les 7 pages sur la question...




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