Plaisir et orgasme féminins


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À quoi peut bien servir l’orgasme des femmes ?





Voilà le type de question qui fait bouillonner les esprits des chercheurs.

L’orgasme masculin est une nécessité évolutive : comme il est lié à l’éjaculation de façon quasi systématique, il pousse les hommes à rechercher cette éjaculation, ce qui rend féconds beaucoup de jeux sexuels qui ne visaient pas la procréation, et assure ainsi la survie de l’espèce. L’évolution animale est donc responsable de sa mise en place et de son maintien.

Tandis que pour les femmes, leurs ovules peuvent être fécondés et une grossesse s’installer sans qu’elles aient le moindre orgasme. Les chercheurs se sont alors cassé la tête pour trouver une justification à l’orgasme féminin alors que le caractère automatique de l’ovulation ne le nécessite pas.

La première idée qui vient serait que l’orgasme inciterait les femmes à chercher les rapports, et donc à multiplier leurs chances de reproduction. Mais les statistiques n’établissent pas de lien entre avoir facilement des orgasmes et avoir plus de rapports. D’ailleurs la grande majorité des femmes a plus aisément des orgasmes, et plus fréquemment, en dehors de la pénétration vaginale que lors de celle-ci, ce qui n’est pas en faveur d’une facilitation de la conception !

L’orgasme inciterait-il les femmes à rechercher l’homme capable de le leur procurer ? L’orgasme féminin n’étant pas facile à obtenir, les femmes, pour l’avoir, chercheraient le « bon amant », l’homme sensible, patient, empathique, etc., c’est-à-dire celui qui a toutes les qualités pour être aussi un bon père et s’occuper au mieux de sa progéniture. Ainsi chercher l’homme qui peut vous donner un orgasme serait chercher celui qui assurerait le maximum de chances de survie aux petits. Mais est-ce que ce sont vraiment les hommes qui donnent leurs orgasmes aux femmes, ou les femmes qui savent ou pas se les donner ? Il est vrai que certains partenaires peuvent entraver cette obtention, et d’autres la favoriser. Mais la quasi-totalité des femmes dans les sociétés que nous connaissons depuis les premiers temps de l’Histoire ne peuvent pas choisir le père de leurs enfants en comparant par des essais les qualités sexuelles des prétendants ! À la rigueur, on pourrait dire que, dans les sociétés où elles peuvent choisir leur conjoint, elles repéreraient dans la vie sociale les hommes les plus attentionnés et les plus sensibles, en espérant qu’ils le seraient aussi au lit…

D’autres chercheurs ont imaginé que l’orgasme féminin permettait à un homme de s’attacher à une femme par fierté de la faire jouir : mais les différentes sociétés ne donnent pas vraiment l’image d’hommes captifs, retenus auprès des femmes !

Ou encore : l’orgasme permet à l’utérus d’aspirer le sperme au moyen des contractions qu’il a lors de la jouissance. Malheureusement, l’orgasme de la femme et l’éjaculation de l’homme n’ont que rarement lieu en même temps. D’autre part, les expériences sur le sujet concluent aussi bien à l’absence d’aspiration, ou à un effet contraire d’expulsion, qu’à un effet faible d’aspiration. S’il existe, l’effet positif ne pourrait être que très marginal, donc n’expliquerait rien.

Quand les chercheurs s’y mettent, leur imagination est sans limite, et leurs trouvailles parfois cocasses. Mais il faut se plier à l’évidence : l’orgasme féminin ne joue aucun rôle dans l’amélioration de la reproduction de l’espèce, et par suite dans sa survie.

Il n’est donc pas un produit direct de l’évolution. Sans conditionnement évolutif, il n’est pas formaté, pas stéréotypé, et le temps a permis à de multiples variantes de se mettre librement en place.


Le clitoris

L’absence de contrainte évolutive joue aussi dans un autre domaine, celui de l’anatomie de l’organe de jouissance féminine, le clitoris, dont les éléments ont un emplacement « flou » : ces variations conditionnent la façon de pouvoir obtenir un orgasme, et même la possibilité d’en avoir un par pénétration.

La quasi-totalité des femmes peut avoir un orgasme par excitation du clitoris, mais les deux tiers d’entre elles n’y accèderont pas par le simple va-et-vient de la pénétration vaginale.

La première raison en est que la tête du clitoris, sa partie visible en haut de la vulve, à la commissure des lèvres, peut avoir une position par rapport à l’entrée du vagin qui varie de plusieurs centimètres (au moins cinq). Pour certaines femmes, donc, la pénétration et les mouvements du coït permettront spontanément un frottement du clitoris, source d’une excitation pouvant mener à l’orgasme. Mais d’autres devront chercher une position éventuellement plus favorable, et d’autres encore ne pourront jamais obtenir ce type de frottement. 

Mais il y a plus, car le clitoris ne se limite pas à la petite partie visible, externe. Issu des formations qui donnent la verge chez l’embryon mâle, il se développe à l’intérieur du corps chez l’embryon féminin, et comporte donc les quatre branches qui correspondent aux corps caverneux et aux corps spongieux constituant la verge. La tête du clitoris n’est que la partie émergée d’un organe qui se prolonge sur huit à douze centimètres par quatre « racines », dont deux s’écartent sous les branches osseuses, mais dont deux viennent prendre en cisaille le vagin. Lors de la séquence sexuelle, ces corps caverneux et spongieux se gonflent de sang. Si les deux corps spongieux enserrent bien le vagin, la verge dans ses mouvements va les frotter et les exciter, ce qui rend l’orgasme possible. Mais si ces deux corps sont un peu écartés, même de quelques millimètres, ce qui n’a aucune conséquence sur la survie de l’espèce, la verge n’aura plus d’effet sur eux, la femme ne ressentira rien et l’orgasme ne viendra pas.

Donc chaque femme dépend de son anatomie pour son accès à l’orgasme, la façon d’y accéder, la possibilité d’y accéder par la pénétration à côté de l’excitation directe du clitoris.


L’orgasme féminin est donc une aventure pour chaque femme, qui a à déchiffrer son propre système de fonctionnement, à découvrir les règles du jeu particulières à son corps, afin de s’offrir cette jouissance originale, et de l’enrichir à sa façon, hors de tout chemin balisé.

  

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