Les possibilités du périnée
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Les possibilités du périnée


(Le texte suivant est extrait de L’Expérience sexuelle des femmes, de Sheila Kitzinger. Seuil, 1986 (1983). L’auteur, « mariée et mère de cinq filles, est une socio-anthropologue anglaise de renommée internationale. Chercheuse et enseignante à l’université d’Édimbourg, elle a publié de nombreux ouvrages et articles sur les femmes ».)



Le tonus et la vitalité des muscles du périnée ont énormément d’importance dans la vie sexuelle de la femme.  S’ils sont relâchés et si vous ne savez pas les utiliser, toute une partie des sensations liées à l’activité sexuelle vous échappe – celles qui mettent en jeu les muscles profonds entourant le vagin et le rectum, en compressant l’utérus et la vessie.

Un test simple vous permettra de vérifier la force des muscles de votre périnée. Lorsque vous urinez, arrêtez-vous et voyez si vous êtes capables de complètement stopper le flot d’urine. Recommencez plusieurs fois. Si vous y arrivez, c’est qu’ils fonctionnent parfaitement bien. Mais, même dans ce cas, vous pouvez apprendre, à partir de cet exercice, à les utiliser plus activement. Il existe certaines façons d’exercer ces muscles, qui accroîtront votre plaisir, et peut-être aussi celui de votre partenaire.


Des mouvements pour accroître le plaisir


Le premier mouvement est très simple. C’est le « baiser vaginal ». Imaginez que vous avez, à mi-hauteur de votre vagin, un anneau de fibres musculaires, et serrez-le. Sa forme en « O » se modifiera et prendra celle d’une amande plus petite. Tenez ainsi quelques secondes, puis relâchez. C’est un mouvement que nous faisons souvent spontanément en faisant l’amour. Pendant l’orgasme, il est effectué à intervalles très rapprochés – des moitiés de seconde –, comme une série de baisers rapides données par le vagin.

Maintenant imaginez un petit fruit tendre – de la taille d’une cerise – à l’intérieur de cet anneau de muscles et serrez ceux-ci comme si vous vouliez mâcher et manger le fruit. Puis « avalez » le fruit d’un mouvement doux et continu, comme si vous vouliez l’attirer dans votre utérus. Reposez-vous quelques secondes, puis « mangez » un autre morceau de fruit. Et reposez-vous de nouveau. Au début, cela peut vous paraître fatigant ; ménagez-vous des plages de repos à intervalles réguliers.

Et puis imaginer un fruit moelleux beaucoup plus grand – une pêche ou un abricot, par exemple – avec une peau veloutée, duveteuse. Avec les muscles du périnée, « explorez » d’un mouvement caressant et enveloppant toute la surface courbe de ce fruit imaginaire. C’est un mouvement beaucoup plus lent et plus ample que le précédent.

Et maintenant imaginez que le fruit est écrasé et que son jus en soit exprimé. Aspirez lentement ce jus avec vos muscles.

Pendant tout ce temps, vous vous serez rendue compte que vous contractiez non seulement les muscles du vagin, mais aussi ceux qui entourent le rectum, l’anus et l’urètre. Quand vous contractez les muscles du vagin, les autres en font autant. C’est normal. Les fibres musculaires sont toutes liées entre elles, et quand vous contractez fermement n’importe quelle partie du périnée, toutes les autres parties suivent le mouvement.


Un travail en douceur


Quand un muscle n’est pas assez fort pour supporter une contraction soutenue, il se met à trembler. Cela vous est peut-être arrivé quand vous avez pratiqué la seconde série de mouvements. C’est pourquoi, si vos muscles manquent de tonus, il est indiqué de commencer plutôt par de petites contractions courtes, et de les amplifier peu à peu. Quand un muscle est fortement contracté, moins de sang y circule, donc moins d’oxygène. Quand il se relâche, le sang circule plus vite. Autrement dit, quand vous contractez et relâchez volontairement vos muscles dans cette danse improvisée, vous augmentez l’apport en oxygène aux muscles et ils ne se crispent pas.

Dans l’activité amoureuse, d’autres muscles travaillent avec le périnée et sont pris dans le même jeu de mouvement. Les muscles qui participent à la respiration sont stimulés, et quand vous contracterez et relâcherez le périnée, vous serez parfois légèrement haletante. Vous pouvez spontanément serrer les cuisses ou les fesses, ce qui a pour résultat de mieux agripper la main ou le pénis.

Quand vous êtes très excitée, les mouvements du périnée affectent tous les mouvements du corps. Le plus caractéristique de ces mouvements consiste à bouger le bassin d’avant en arrière. Quand le périnée se contracte, vous avez tendance à opérer une bascule du bassin et à rentrer les muscles abdominaux. Quand les muscles du périnée se relâchent, le bas du dos se creuse au contraire légèrement, et les muscles abdominaux se relâchent.


La danse du bassin


Allongez-vous sur le dos, les genoux pliés et les pieds bien à plat, serrez les muscles du périnée, les fesses, appuyez le bas du dos contre le sol, puis détendez le périnée et tous les muscles du bas du dos et de l’abdomen. Répétez ce mouvement une dizaine de fois en laissant l’alternance contraction-détente s’opérer naturellement dans toute la région pelvienne.

Vous aurez peut-être remarqué que d’autres muscles participent à ce mouvement : les épaules, les mains, les muscles du visage et des pieds, par exemple. Laissez maintenant tous ces autres muscles participer à l’action et exagérez le mouvement. Contractez les muscles du bassin et tout ce que vous avez envie de contracter. Puis relâchez ; contractez, relâchez, et ainsi de suite. Mais, en même temps, laissez l’activité du bassin modeler tout ce qui se passe dans votre corps. Laissez-la régler votre rythme général. Et puis détendez-vous pendant quelques instants et imaginez votre vagin, doux et chaud.

C’est là une des façons de « réveiller » un bassin trop paresseux.


L’ascenseur


Mais le meilleur exercice pour tonifier les muscles du plancher pelvien reste encore l’« ascenseur ». Imaginez que vos muscles sont un ascenseur dans un immeuble de cinq étages. Vous allez progressivement contracter vos muscles comme si l’ascenseur montait du rez-de-chaussée au premier (n’oubliez pas de respirer !), puis au second. Quand vous atteindrez le troisième étage, vous sentirez déjà une pression importante s’exercer sur votre vessie. Contractez et serrez vos muscles vers le haut encore plus fort. (Ne crispez pas les épaules.)

Contractez encore vos muscles et continuez ainsi jusqu’au cinquième étage. Tenez pendant quatre ou cinq secondes, puis redescendez progressivement jusqu’à vous retrouver au rez-de-chaussée. Et terminez en repartant au premier pour finir l’exercice sur une note tonique.

C’est un exercice à faire quotidiennement et qui est surtout efficace chaque fois que vous montez ou descendez un escalier, ou prenez l’ascenseur, quand vous attendez à la caisse d’un supermarché ou que le feu passe au vert, bref, chaque fois que vous avez un temps mort dans la journée. Si vous faites régulièrement cet exercice pendant six semaines, vous obtiendrez une remise en forme générale des muscles du bassin et votre vitalité naturelle s’en trouvera accrue.


  

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